Le dossier juridique VMware enfle. Après Thalès, qui a eu gain de cause, Orange Business Services se lance dans la bataille juridique, tout comme AT&T
Le dossier juridique VMware enfle. La grogne contre VMware continue de monter dans la Tech. Après Thales, c’est au tour d’Orange Business Services d’assigner en référé devant le tribunal de commerce de Paris l’éditeur de logiciel. Dans cette procédure, commencée cet été et toujours en cours, la société de services française accuse le groupe américain de rupture brutale des relations commerciales.
Dans l’affaire Thalès, le tribunal de Paris a ordonné à Broadcom, propriétaire de VMware, d’honorer les trois contrats de licence en cours dans leur intégralité à compter du 20 juilllet, soit le lendemain du jour de sa décision. Une astreinte de 500 000 EUR par jour de retard de l’exécution de la décision a également été prononcée. Rappelant qu’on ne peut pas modifier un contrat en cours, le juge indiquait que VMWare devait continuer à vendre à Thales les « licences perpétuelles » prévues à son contrat ELA, lequel courrait jusqu’en mars 2025.
En Europe, tous derrière le CISPE
D’autres grands groupes ont également intenté des actions contre VMware. Il est beaucoup question du géant américain des télécommunications AT&T. Lequel lui reprochait d’avoir renié l’accord de prolongation de support qui les liaient. Une solution « temporaire » aurait néanmoins été trouvée. N’empêche, la situation est grave.
Plusieurs associations de professionnels de l’IT ont également manifesté leur opposition depuis le rachat de VMware par Broadcom. Fédérés par les opérateurs cloud membres du CISPE et par quatre associations européennes de CIO, dont Beltug, une vague de clients rejettent le nouveau portefeuille de services logiciels et les prix associés.
Ce ne sont pas moins de 168 logiciels VMware qui sont remplacés par deux grandes licences de location. Celles-ci correspondent à deux bouquets de services logiciels autour des suites VCF (VMware Cloud Foundation) et VVF (VMware vSphere Foundation).
Résultat : une inflation des tarifs qui atteint des sommets. De six à douze fois selon les évaluations effectuées par les opérateurs cloud du CISPE. Pire, les conditions de sécurité proposées seraient très éloignées de celles des licences perpétuelles.
51,9 % des clients VMware envisagent désormais de quitter la plateforme
Nous n’en sommes qu’au début de l’histoire. Dans d’autres pays, les avocats des entreprises ont plutôt choisi de contester le caractère abusif des nouveaux contrats après leur signature. En France, le Cigref vient de saisir les autorités de la concurrence européennes sur le caractère abusif des contrats VMware. Le dossier juridique VMware devient de plus en plus lourd.
Pour nombre d’observateurs, la stratégie de Broadcom semble consister à se débarrasser des petits comptes. Comment ? En augmentant les prix, tout en comptant sur les plus grands pour s’assurer des revenus récurrents confortables. Une stratégie qui met en danger certains acteurs économiques dépendant des technologies VMware. En particulier de petits éditeurs ou intégrateurs disposant d’une faible marge de négociation face à Broadcom
Une étude publiée par le fournisseur britannique de services cloud en conteneurs Civo indique que 51,9 % des clients VMware envisagent désormais de quitter la plateforme. L’étude a été lancée pendant Civo Navigate, où plusieurs sessions ont été consacrées à la meilleure voie à suivre pour le cloud.