Télétravail : privilégiez la confiance !
Surveiller les salariés en télétravail ? Grave erreur de management, assure Janina Steinmetz, maîtresse de conférences à la Business School. Privilégiez la confiance !
Le télétravail repose sur la confiance. Surveiller pourrait très rapidement avoir un impact sur la productivité. Et, très vite, devenir une stratégie perdant perdant. Telle est l’analyse de Janina Steinmetz, maîtresse de conférences à la Business School.
Le travail à domicile depuis le début de la pandémie a conduit à de nouveaux modes de vie. En particulier, un nouveau moyen de rassemblement social, de nouveaux moyens de divertissement. Et, pour beaucoup, une nouvelle façon de travailler.
Un aspect important de la capacité d’une organisation à fonctionner à distance est la confiance entre l’employeur et l’employé. Précisément, la confiance de travailler efficacement pendant les heures de bureau, sans la présence physique d’un responsable pour suivre les progrès.
La confiance passe par des objectifs appropriés
Pour assurer la productivité, certaines entreprises ont mis en œuvre une technologie permettant de garder un œil sur leurs employés. Elles ont mis en œuvre le partage d’écran obligatoire. D’autres surveillent les pages Web visitées, les clics par minute. D’autres, encore, activent des webcams tout au long de la journée…
Cet examen minutieux des employés n’est d’aucun avantage global pour le moral ou la productivité. Ce n’est pas une stratégie, pas la bonne en tout cas, assure le Dr. Steinmetz. D’autres stratégies pour éviter le relâchement nécessitent plus d’attention et de planification de la part de la direction. Ainsi, l’établissement d’objectifs appropriés avec un employé et le suivi de la progression des objectifs.
Des conséquences psychologiques inattendues
«Si une culture de méfiance émerge en raison d’une surveillance inattendue ou excessive, les employés risquent de perdre leur motivation. La raison ? Simple : ils se sentent éloignés de leur employeur !»
Pour le Dr. Steinmetz, on peut vraiment s’interroger sur la technologie. Jamais la tentation de surveiller constamment l’activité des employés n’a été aussi grande. Et c’est là un véritable danger. «L’enregistrement d’un employé en s’arrêtant à son bureau dans un environnement de travail normal peut avoir ses avantages car il peut avoir une question ou discuter rapidement, poursuit le Dr. Steinmetz. De plus, la surveillance des employés peut avoir des conséquences psychologiques inattendues… au-delà de la confiance réduite dans la direction.»
Plus d’erreurs si l’on se sent surveillé
Diverses études montrent que les gens se comportent différemment lorsqu’ils sont surveillés. Rester à l’écart des médias sociaux lorsque le patron est au bureau, par exemple. Ou lorsque Zoom fonctionne.
«Des études ont montré que les gens croient avoir commis plus d’erreurs lorsqu’ils sont étroitement surveillés. Ce qui s’explique. Les gens regardent automatiquement leur travail du point de vue de l’observateur lorsqu’ils sont surveillés. Et ils l’ajoutent à leur propre perspective. Cela peut souvent amplifier l’erreur. Pis : la rendre plus grave…»
De tels effets ne sont pas prévus par un employeur, mais pourraient nuire à l’apprentissage et à la confiance des employés. «Au lieu de surveiller les employés de cette manière, les employeurs devraient fixer des objectifs pour leurs employés. Et ils devraient se renseigner régulièrement avec eux pour voir comment ils les atteignent…»
Janina Steinmetz, maîtresse de conférences en marketing à la Business School (anciennement Cass Business School)