Télétravail, le scepticisme s’installe
Selon une étude d’Allianz Trade, la proportion de salariés italiens et allemands désirant télétravailler est en recul par rapport à l’an dernier. Le scepticisme s’installe.
La proportion de salariés allemands désireux de travailler principalement depuis leur domicile s’est réduite en un an, de 25 % à 20 % des personnes interrogées. La chute est moins forte en Italie. Seuls les Français souhaitent télétravailler davantage. Premier inconvénient avancé, pour 39 % des répondants à l’étude d’Allianz Trade, le manque de contacts. Le scepticisme s’installe.
Les salariés seraient-ils en train de se lasser du télétravail ? Un peu plus de deux ans après le début de la pandémie de COVID-19, la question se pose clairement. L’étude d’Allianz Trade, réalisée auprès de 1.000 salariés de France, d’Allemagne et d’Italie vient donner quelques éléments de réponse.
Les employés enlèvent leurs lunettes roses en matière de travail à distance
Par rapport au cycle précédent de l’enquête, la proportion d’employés déclarant ne pas pouvoir travailler à domicile a diminué dans les trois pays. Néanmoins, la part de ceux qui retournent au bureau a également augmenté dans les formats hybrides et majoritairement à temps plein : 32 % en Allemagne et en Italie et 29 % en France… contre 25 % dans les trois pays l’année précédente.
Côté avantages, les répondants ont principalement cité l’élimination des déplacements (hommes : 51 %, femmes : 58 %), la flexibilité du temps (49 %) et la réduction des coûts (hommes : 26 %, femmes : 28 %), entre autres. Cependant, la proportion de répondants citant des défis a doublé dans presque toutes les catégories : deux ans de travail à domicile ont clairement aiguisé la prise de conscience des inconvénients. Les contacts sociaux et le manque d’opportunités de réseautage constituaient le principal défi (hommes : 29 %, femmes : 27 %), suivis par des limites floues de la vie privée (hommes : 17 %, femmes : 20 %), un espace de travail inadéquat (hommes : 20 %, femmes : 18 %), concilier activités domestiques et responsabilités professionnelles (hommes : 18 %, femmes : 20 %) et productivité réduite (hommes : 14 %, femmes : 12 %).
Le scepticisme devait interroger nos décideurs
A entendre Allianz Trade, il y a des considérations importantes pour les responsables politiques et, plus globalement, nos décideurs. Par exemple, alors que la fin des trajets domicile-travail est un fardeau retiré des épaules des travailleurs, la réduction des contacts sociaux au bureau peut entraîner une perte de promotion et d’opportunités d’apprentissage, créant ainsi un fossé d’inégalité plus large. Qui plus est, l’augmentation du travail à distance met en lumière le déficit de compétences numériques. Ceux qui sont en retard dans l’éducation formelle ainsi que dans les compétences numériques seront forcément laissés pour compte. Dans ce contexte, les employeurs, les travailleurs et les gouvernements doivent s’adapter à cette nouvelle réalité, en s’attaquant aux effets distributifs que le passage au travail à distance entraînera.
Alors que certaines études ont montré que le travail à domicile n’a pas d’impact négatif sur la productivité, Allianz Trade donne des informations différentes. D’abord, au sujet de l’équipement. Les travailleurs doivent être équipés d’outils qui les aideront à réaliser leur plein potentiel. L’infrastructure IT, mais pas seulement. L’assureur insiste sur la communication. Essentiellement pour clarifier le contexte dans lequel le manager et les collaborateurs travaillent. Il s’agit d’éviter les malentendus, de renforcer la sécurité psychologique. Les rôles fonctionnels doivent être clairs pour éviter le sentiment de free-riding et de ressentiment. Enfin, il s’agit de construire une identité commune pour donner aux collaborateurs un objectif clair, contribuant à l’amélioration de la productivité et l’engagement.
Hommes, femmes… des inégalités flagrantes
Autre souci, les inégalités entre les sexes sur le lieu de travail. Pour les femmes, en particulier les mères, le passage au travail à distance pendant la pandémie a déclenché un « double-double quart » dans lequel elles étaient toujours actives, chargées de jongler à la fois avec les activités domestiques et les responsabilités professionnelles.
Enfin, l’étude montre qu’une plus grande proportion de femmes que d’hommes sont également inactives en raison de responsabilités familiales. Cela suggère que la flexibilité offerte par les dispositifs de travail à domicile n’est pas suffisante. L’augmentation de la participation des femmes au marché du travail en Europe nécessitera une approche multidimensionnelle. Celle-ci inclut la flexibilité du lieu de travail, des installations de soins et des responsabilités domestiques partagées.