Six mois de relations intenses pour aboutir au projet de fusion annoncé officiellement hier, 7 avril 2014. Mais la rumeur d’un mariage entre Sopra et Steria, deux entreprises françaises de services informatiques, remonte déjà à… 2010!
C’est finalement l’option d’une offre publique d’échange qui a été retenue, sur la base d’une action Sopra pour quatre Steria. Le chiffre d’affaires de la nouvelle entité formée devrait atteindre 3,1 milliards d’EUR et compter plus de 35.000 salariés dans 24 pays. Pierre Pasquier, l’actuel président et fondateur de Sopra, devrait la diriger, tandis que François Enaud, actuel gérant exécutif Steria, en assurera la direction générale.
D’un point de vue industriel, le projet fait sens. Stratégiquement, déjà, le nouvel ensemble occuperait la troisième place en France, derrière IBM et Capgemini, mais devant Atos. Le nouvel ensemble changerait aussi de profil, passant de «développeur-intégrateur» à «créateur-opérateur de services», pour devenir un leader européen de la transformation numérique.
Le nouveau groupe réaliserait 25% de son chiffre d’affaires annuel dans le domaine des solutions et du Business Process Services, activités dont les niveaux de croissance et de rentabilité sont les plus élevés à la fois pour Sopra et pour Steria -cette proportion augmenterait rapidement, tant par croissance organique que par le biais des synergies liées au rapprochement ou par celui de la croissance externe.
En termes de métiers et de géographies, la complémentarité des deux entités est très forte. Sopra apporte la puissance de son organisation en France, la force de ses produits dans le domaine de la banque (notamment à travers l’expertise de l’ex-Callataÿ & Wouters), des ressources humaines ou de l’immobilier et l’efficacité de son modèle dans la gestion applicative. De son côté, Steria apporte son dispositif international (Benelux, Allemagne, Royaume-Uni et Asie), la pertinence de son offre dans le Business Process Services ainsi que son expertise en gestion d’infrastructures informatiques.
L’outil de production industriel ressortirait significativement renforcé avec un dispositif de centres de services offshore et nearshore représentant un effectif d’environ 8 000 personnes dont plus de 6 000 en Inde.
La combinaison des deux pourrait permettre de proposer aux grands clients une offre de bout en bout, une offre intégrée qui ait à la fois les services d’infrastructures et la gestion de l’applicatif, le tout projeté à l’international, estime un analyste.
L’ambition est de former un groupe capable de générer une croissance organique forte avec pour objectif d’atteindre un chiffre d’affaires supérieur à 4 milliards d’EUR et d’améliorer progressivement la marge opérationnelle d’activité pour s’approcher de 10%.