Plusieurs tendances majeures poussent à des changements tout aussi radicaux. Qu’il s’agisse du cloud computing ou de l’IoT, leur impact sur le data center sera lourd, estime Emerson Network Power, qui vient d’identifier cinq facteurs de mutation.
En premier lieu, le cloud computing. Le passage du SaaS à de véritables environnements hybrides, dans lesquels les services de cloud computing sont utilisés pour apporter une plus grande réactivité aux installations existantes, continue de progresser dans la mesure où bon nombre d’organisations optent pour une architecture bimodale. Le cloud ne se stabilise pas pour autant; il pourrait même se complexifier. Or, la dernière étude sur l’utilisation des serveurs, menée par Jonathan Koomey de Standford et Jon Taylor du Groupe Anthesis, a révélé que les serveurs de datacenters d’entreprise ne fournissent, en moyenne, qu’entre 5 et 15% de leur capacité informatique maximale sur un an ! De plus, 35% des serveurs physiques sont «comateux», c’est-à-dire qu’ils n’ont pas fourni de services informatiques au cours des six derniers mois…
Pour Emerson, l’offensive visant à identifier et à supprimer les serveurs «comateux» permettra de créer une dynamique et constituera une étape essentielle dans la gestion de la consommation d’énergie. En même temps, la possibilité d’intégration et d’utilisation des capacités inexploitées d’un datacenter à un modèle de cloud computing partagé et décentralisé sera également étudiée, notamment pour permettre aux datacenters d’entreprise de vendre leur excédent de capacité sur le marché.
Architecture et… langage commun
On voit aussi que l’architecture l’emporte sur la technologie. Alors que la technologie des datacenters joue un rôle important en assurant efficacité et disponibilité, leurs opérateurs se concentrent, eux, davantage sur les architectures dans lesquelles ces technologies sont déployées. «Nos clients nous consultent pour développer une architecture adaptée répondant à leurs besoins spécifiques et à leur environnement. Ils ne cherchent plus automatiquement la technologie classique, car ils comprennent qu’un système qui est personnalisé pour répondre à leurs besoins est en mesure d’offrir plus d’avantages à long termes, notamment une plus grande disponibilité, de l’efficacité et des économies supplémentaires», commente Franco Costa, Vice President, Power Systems d’Emerson Network Power EMEA.
Les datacenters ont aussi besoin d’un langage commun. L’Internet of Things (IoT) aura non seulement un impact sur les futures architectures des datacenters en augmentant le volume des données qui doivent être traitées, mais il changera également la gestion des datacenters -et ce dans un bref délai, assure Emerson.
De fait, les datacenters d’aujourd’hui incluent des milliers d’appareils qui parlent une multitude de langages dont l’IPMI, le SNMP, et le Mod Bus. Cette situation crée des insuffisances entre les systèmes qui limitent les efforts visant à les gérer de manière holistique. Cette limite disparaîtra lorsque Redfish, une spécification des systèmes ouverts pour la gestion des datacenters et des systèmes mise au point par Emerson, Intel, Dell et HP, prendra de l’importance. Redfish créera une interconnectivité entre les systèmes de datacenters, permettant d’accéder à de nouveaux niveaux de visibilité, de contrôle et d’automatisation. Son adoption permettra également d’établir les meilleures pratiques pour une utilisation efficace de l’IoT dans d’autres applications.
Après l’efficacité énergétique, la responsabilité sociale
Depuis 2007, on ne parle que d’efficacité… même si l’accent était alors mis en grande partie sur l’aspect financier. Maintenant, avec des initiatives telles que la directive sur l’efficacité énergétique de l’UE présentant un ensemble de mesures contraignantes visant à atteindre les objectifs d’efficacité énergétique de 20% d’ici à 2020, certaines entreprises passent de l’efficacité à la durabilité, et abordent la problématique des datacenters à travers le prisme de la responsabilité sociale.
Les opérations de datacenter -empreinte carbone, utilisation d’énergies alternatives et mise au rebut des équipements- sont maintenant incluses dans les déclarations de responsabilité d’entreprise, créant ainsi une plus grande pression pour apporter des améliorations dans ces domaines. L’impact de cette tendance ne sera cependant pas limité aux décisions prises en matière de technologie sur site, analyse Emerson. Pour être significatif, le rapport doit inclure l’écosystème complet du datacenter, y compris les fournisseurs de colocation et de cloud computing. Avec le développement de cette pratique, la durabilité atteindra le niveau de disponibilité et de sécurité, attributs essentiels d’un datacenter hautement performant.
La physionomie du datacenter est donc en train de changer. La croissance dans la consommation de contenu numérique et la collecte de données menacent le modèle de datacenter centralisé. Tandis que les grands data centers continueront à fournir l’essentiel du computing, ils seront de plus en plus pris en charge par des installations de pointe, ou des data centers de proximité, qui fournissent du contenu et des applications à faible latence aux utilisateurs ou le traitement des données et la logique pour les réseaux de l’IoT. À mesure que ces micro-datacenters, fonctionnant comme des satellites sur une installation centrale, proliféreront sur les sites d’entreprise et dans les zones résidentielles à haute densité, leur succès dépendra de l’utilisation de systèmes intelligents et standardisés qui peuvent être gérés à distance.