La quête de talents quantiques est le premier indice d’intérêt

Selon un rapport du cabinet d’étude Evident, 80 % des 50 plus grandes banques mondiales seraient passée en mode exploratoire actif. J.P. Morgan aux avant-postes, puis HSBC.

Leader : J.P. Morgan. Suivi de près par HSBC et Intesa Sanpaolo. Très actifs : Wells Fargo, BBVA, Standard Chartered et Crédit Mutuel. Actifs : Goldman Sachs, BNP Paribas, Crédit Agricole, Citi, CaixaBank, BMO, Santander et Bank of America.

Dans un rapport inédit, la premier du genre, Evident a analysé l’activité quantique de chaque banque en fonction de la taille des équipes, du taux de recrutement, des brevets, des investissements et de l’engagement public.

Optimisation de portefeuille et cybersécurité

Dans le classement, J.P. Morgan est largement en tête. « L’institution représente les deux tiers des offres d’emploi dans le domaine quantique parmi les banques suivies et a publié plus de la moitié des articles de recherche sur le quantique, commente Alexandra Mousavizadeh, co-founder & co-CEO, Evident. La banque constate déjà l’intérêt des algorithmes d’inspiration quantique pour l’optimisation de portefeuille et la cybersécurité… »

HSBC et les banques européennes accélèrent leurs efforts, notamment en intégrant la distribution de clés quantiques (QKD) dans le trading de devises et la tokenisation de l’or pour une cybersécurité pérenne. Intesa Sanpaolo explore les applications quantiques dans le domaine de l’évaluation du crédit, de la détection des fraudes et de la tarification des produits dérivés.

Cette évolution se vérifie à travers la quête de talents quantiques. Depuis août dernier, le nombre de professionnels du quantique dans le secteur bancaire a augmenté de 10 %. Et des chercheurs affiliés à des banques ont publié des centaines d’articles sur le quantique, cités plus de 3 000 fois.

« Contrairement à l’IA, qui s’intègre à tous les services d’une banque, le quantique transformera un sous-ensemble spécifique de cas d’utilisation. Mais là où il sera appliqué, son impact sera considérable, poursuit Alexandra Mousavizadeh. Plutôt que des améliorations progressives, il transformera en profondeur des domaines tels que l’optimisation des portefeuilles, l’évaluation du crédit et la détection des fraudes, bien au-delà des capacités informatiques actuelles. »

Les opportunités sont là. Il faudra bientôt sortir du mode exploratoire

Bien que l’informatique quantique soit encore loin d’un déploiement à grande échelle, les banques posent dès maintenant les bases pour acquérir un avantage concurrentiel à l’intersection de l’IA et du quantique. « À mesure que la technologie quantique mûrit, les banques qui ne se préparent pas pourraient être confrontées à des risques de sécurité et manquer des opportunités », prévient Alexandra Mousavizadeh

Pour Davide Corbelletto, d’Intesa Sanpaolo le quantique pourrait « révolutionner des tâches comme la notation de crédit et la détection des fraudes ». Son équipe se concentre sur l’optimisation, la simulation stochastique (liée au hasard et utilisée dans les simulations de Monte-Carlo) et la cybersécurité.

Collaborations, prises de participation

Pour sa part, Standard Chartered s’intéresse au quantique pour prédire les signaux de trading, faciliter les décisions de crédit et réduire la consommation d’énergie, selon Elena Strbac, responsable mondiale de la science des données et de l’innovation. Le Crédit Mutuel, lui, explore depuis des années des cas d’utilisation liés à la fraude et à la gestion des risques aux côtés d’IBM.

Aux États-Unis, de nombreuses banques se spécialisent. Bank of America est l’une des plus prolifiques en matière de brevets quantiques. Goldman Sachs a investi dans D-Wave Systems, une entreprise qui fabrique des ordinateurs quantiques, lors de plusieurs levées de fonds depuis 2012. La banque a également travaillé au développement d’algorithmes quantiques pour le trading d’options. Enfin, Citi a recruté un directeur de l’informatique quantique en décembre dernier. Autant de signes qui ne trompent pas.