La filiale dépasse la maison-mère. Le titre de PayPal gagnait près de 7% à plus de 42 USD à l’ouverture de la Bourse tandis que son ancienne maison-mère, eBay, cédait près de 2%. Le spécialiste des paiements a ainsi commencé son parcours boursier avec une valorisation de près de 46,5 milliards USD, soit 1,4 fois celle de ebay (34 milliards USD). Le site spécialiste du paiement en ligne prouve non seulement qu’il est indépendant, mais surtout qu’il vaut plus que son nouveau concurrent qui l’avait acheté en juillet 2002 pour 1,5 milliards USD…
Contrairement au site de vente en ligne qui voit son chiffre d’affaires reculer ( – 3% au deuxième trimestre sur un an), la croissance à deux chiffres du spécialiste des paiements fait en effet rêver les investisseurs : avec 169 millions d’utilisateurs de par le monde, à l’origine de 1,1 milliards USD de paiement traités au deuxième trimestre, PayPal affiche un volume de transactions en progression de 27% sur un an. Son chiffre d’affaires représente désormais plus de la moitié de celui de eBay.
«La technologie mobile révolutionne les modes de paiement, estime Dan Schulman, Président, PayPal. Nous voyons dans notre position de leader et d’entreprise indépendante une formidable occasion de développer notre notoriété auprès des consommateurs, partenaires et marchands et de façonner l’avenir du secteur.» Alors que chaque client fait en moyenne deux à trois transactions par mois, il compte atteindre ce rythme sur un tempo hebdomadaire. Pour ce faire, PayPal devra affronter d’autres géants comme Apple, Google ou encore le chinois Alibaba sur un terrain tout aussi nouveau pour lui : le paiement en magasin. Dans ce contexte, meilleure sera sa valorisation, plus grande sera sa marge de manœuvre, notamment pour faire des acquisitions, comme celle de Xoom, spécialiste du transfert d’argent, annoncée le 1er juillet.
L’opération n’est pas sans risques : la concurrence s’est intensifiée sur ce segment. La société qualifie elle-même ce marché comme «intensément concurrentiel». Malgré son rôle de pionnier, PayPal fait face à la concurrence accrue des géants Apple et Google. Le premier mise sur son système de paiement en ligne Apple Pay, qui vient du reste de franchir l’Atlantique en étant opérationnel au Royaume-Uni depuis la mi-juillet. La société peut s’appuyer sur ses quelque 800 millions d’utilisateurs déjà clients de son service iTunes. C’est quatre fois plus que les 165 millions d’utilisateurs de PayPal. De son côté, Google compte sur l’essor de la plateforme Android Pay, qui peut être aussi proposé à des tiers via différentes applications basées sur le système Android. Le géant de la téléphonie mobile sud-coréen Samsung a aussi sa propre plateforme Samsung Pay.
Face à de tels concurrents, quelles sont encore les chances de PayPal ? Pour certains experts, c’est justement le fait de rester à l’écart des solutions technologiques proposées par les géants du Net et de la téléphonie mobile qui constitue son meilleur atout. Elle a conclu des accords avec des géants américains de la distribution comme Wal-Mart, Target ou 7-Eleven, soucieux de ne pas dépendre trop fortement des services de Google et d’Apple. PayPal est une alternative bienvenue.
Les principaux doutes émis à propos des perspectives pour l’action PayPal ne sont pas de nature technologique. Ils portent sur la pratique des entrées en bourse de sociétés qui ont été scindées à partir d’un groupe existant, dans le but affiché d’accroître leur valorisation sur une base séparée. Cité par Bloomberg, Jim Osman, directeur de la société d’analyse The Edge, juge que la plupart des spin-off arrivant sur le marché actuellement sont surévaluées. En réunissant tous les placements de spin-off dans un indice, il constate que la performance des titres de ces sociétés tend à reculer –passant de 15% en 2013, à 1% en 2014, pour être négative en 2015…
Bref, de belles opportunités pour PayPal Europe S.C.A., établissement de crédit sous licence du Luxembourg…