Quand les atomes rencontrent les bits
Selon Accenture, nous vivons dans deux mondes parallèles : le physique et le numérique. Il serait temps de réunir atomes et bits.
« La prochaine vague de transformation ne consistera plus à simplement développer des capacités numériques isolées, mais à créer les fondations d’une nouvelle réalité qui réunit harmonieusement le monde physique et le monde numérique, les atomes et les bits. »
L’objectif n’est pas d’apporter des améliorations progressives, mais bien un changement radical. Toute la valeur ajoutée de cette convergence résidera dans la création de quelque chose de fondamentalement nouveau, estime Accenture dans son Tech Vision 2023. « Jusqu’ici, nous avons dissocié physique et numérique, constate Paul Daugherty, Group Chief Executive, Accenture Technology. Lorsque nous faisons nos courses, soit nous entrons dans un magasin, soit nous ouvrons une page Web. De même, nous travaillons en présentiel ou à distance. Nous collaborons avec des personnes et des ordinateurs, mais généralement pas en même temps. La transition entre les deux mondes peut être difficile, déroutante, voire impossible. Se concentrer sur l’un ou l’autre des deux mondes est limitant. Il est donc temps de changer… »
Selon l’étude -réalisée auprès de plus de 4000 dirigeants d’entreprises dans 30 pays et concernant 25 secteurs d’activité- la réconciliation s’inscrit dans la foulée des tendances autour du métavers : jumeaux numériques, réalité mixte, etc. C’était le thème du rapport 2022.
Pour se préparer à cette transformation, Accenture conseille aux entreprises de se pencher sur quatre thématiques :IA générative, identité numérique, transparence des données et boucle de rétroaction entre science et technologie.
IA générative, potentiel insoupçonné
Accenture assimile cette rupture technologique à une opportunité, tout comme 95% des dirigeants interrogés qui s’accordent à dire qu’elle marque une nouvelle ère de « l’intelligence d’entreprise ». Priorité, donc, à l’IA générative. Elle nous arrive avec de nouveaux outils pour capter l’attention plus rapidement que tout autre technologie récente. Or, jusqu’ici, on ne l’exploite que pour créer des images numériques et du contenu. Sans plus.
L’ascension fulgurante de ChatGPT a captivé l’attention du monde sur la puissance de l’IA générative pour augmenter les capacités humaines. Accenture estime que jusqu’à 40 % de toutes les heures de travail seront prises en charge ou augmentées par l’IA basée sur le langage. Ce sera une révolution fondamentale, dont on ignore encore les contours. Les chefs d’entreprise en sont bien conscients. 98 % des répondants conviennent que les modèles de base de l’IA joueront un rôle important dans les stratégies de leur organisation au cours des trois à cinq prochaines années. Aussi, invite Accenture, les dirigeants doivent s’engager sans plus attendre. Ce qui nécessitera des investissements importants dans les données, les personnes et la personnalisation des modèles de base pour répondre aux besoins uniques des organisations.
Reconsidérer l’identité digitale
Deuxième thématique, l’identité numérique. 85% des dirigeants interrogés estiment qu’il s’agit d’un impératif commercial stratégique et non plus seulement d’une question technique. « On s’identifie depuis des années dans le monde digital avec un pseudo et un mot de passe. Mais on voit toutes les limites de ce système, qui ne permet pas que cette identité nous suive et reste cohérente dans les différents sous-mondes numériques », commente Paul Daugherty. A la clé, simplification des procédures administratives, uniformisation des procédures de vérification d’identité, lutte contre les fraudes, l’identité digitale comprendrait plusieurs avantages selon le rapport.
Récemment, des initiatives ont été lancées par les gouvernements, souvent dans le cadre de partenariats public-privé. L’Estonie a été l’un des premiers pays à adopter l’identité numérique. Au Royaume-Uni, le gouvernement a confié la délivrance d’Identités numériques aux acteurs privés Paypal et The Post Office. Des acteurs du monde bancaire comme Mastercard ou Visa ont aussi lancé des réflexions sur le sujet, estimant que la carte bancaire dont tout le monde dispose, pourrait être le bon support…
Les technologies aliment la science et inversement
Troisième thématique, la transparence des données. 90% des dirigeants sont conscients qu’elle est désormais un facteur clé de différenciation concurrentielle au sein des organisations et entre les secteurs d’activité.
Accenture conseille de moderniser les bases de données (la plupart des architectures d’entreprises n’étant pas conçues pour gérer le volume réceptionné) et de viser plus de transparence à la fois sur la collecte, l’utilisation, puis la vente et l’achat de data. Une fois cela fait, elles doivent en exploiter le plein potentiel, explique le rapport.
Dernier sujet, la boucle de rétroaction entre science et technologie. Elle s’intensifie, chacune accélérant les progrès de l’autre, d’une manière qui, selon 75 % des personnes interrogées, pourrait débloquer de grands défis mondiaux. « Les technologies alimentent les sciences et inversement, on le voit aussi clairement dans l’informatique quantique », poursuit Paul Daugherty.
Combiner atome et bits pour aller beaucoup plus loin
L’objectif, insiste Accenture, n’est pas de tendre vers une amélioration progressive, mais de viser un changement radical. Combiner numérique et physique, atome et bits, permet d’aller beaucoup plus loin.
Ce sera difficile, ne cache pas Accenture. Mais même à une époque où le monde fait face à un climat économique incertain, nous voyons des entreprises relever des défis toujours plus ambitieux. Le projet européen Neurotwin illustre bien cette tendance. L’idée ? Concevoir un modèle informatisé du cerveau d’un patient -un jumeau. Le but : utiliser ce cerveau jumeau pour prédire les effets de la stimulation dans le traitement des troubles neurologiques comme l’épilepsie et la maladie d’Alzheimer. Le jumeau numérique pourrait permettre d’élaborer des traitements sur mesure pour un patient et de prédire l’évolution de sa maladie. Il pourrait même être utilisé pour tester des traitements potentiels, plutôt que les tester sur le patient…