Le premier ATM fête ses 50 ans. Les fintechs vont l’effacer
Le 27 juin 1967, le tout premier ATM était installé dans une agence Barclays à Londres. 50 ans plus tard, le digital rend ces machines aux interfaces vieillies de plus en plus obsolètes.
Un tapis rouge, avec poteaux et cordons façon entrée VIP, a même été installé pour l’occasion et le distributeur automatique habillé d’or… Barclays vient de fêter les 50 ans de l’inauguration du tout premier ATM (Automatic Teller Machine) au monde, dans le quartier d’Enfield, près de Londres. Une révolution à l’époque : plus besoin d’attendre l’ouverture de l’agence et de faire la queue au guichet pour récupérer des espèces. A l’époque, les retraits étaient limités à 10 livres sterling à chaque opération !
John Shepherd-Barron a eu l’idée d’un tel système au printemps 1965. Alors qu’il n’avait plus d’argent liquide, l’Ecossais arrivait trop tard devant sa banque, peu après la fermeture. Directeur dans une entreprise qui imprimait des billets de banque, il se mit alors à réfléchir : pourquoi n’y a-t-il pas d’appareils permettant de retirer de l’argent liquide, alors que des automates distribuent déjà des barres chocolatées? Il imagina une machine qui pouvait vérifier et valider les chèques, distribuant en échange de l’argent liquide. Il proposa son idée à Barclays, qui la saisit immédiatement. L’Ecossais développa six guichets automatiques bancaires ATM.
Le succès fut planétaire. Il y en a plus de 3 millions aujourd’hui. Selon la Banque mondiale, qui en a fait un indicateur économique, la plus faible densité est en Afghanistan (un ATM pour 100 000 habitants) et la plus forte en Corée du Sud (278 ATM pour 100 000 habitants). Cet anniversaire pourrait pourtant marquer le début de son déclin. Au Royaume-Uni, le nombre d’ATM a très légèrement baissé en 2016, pour la toute première fois. Dans les pays scandinaves, la baisse est nettement plus avancée, avec seulement 20% des transactions effectuées en liquide.
A l’ère du paiement mobile et sans contact, les ATM ont pris un sacré coup de vieux avec la concurrence des applications mobiles des banques ou des startups de la Fintech aux interfaces modernes et colorées. Ils sont d’ailleurs jugés «ennuyeux» par 37% des 25-34 ans. Certaines banques et des éditeurs de logiciels essaient de leur donner une seconde vie, en proposant le retrait de billets de spectacles ou la recharge de crédits de téléphonie mobile.
John Shepherd-Barron, lui, est décédé en mai 2010, à l’âge de 85 ans. Il n’est pas devenu riche avec son invention, qu’il n’a jamais fait breveter. Le premier distributeur automatique d’Enfield a pour sa part disparu depuis longtemps. Seule une plaquette rappelle encore son existence. Son inventeur s’était trompé sur un point, lui qui s’attendait à ce qu’il n’y ait plus d’argent liquide aujourd’hui…