L’étude « Trends of AI », tableau nuancé de l’intégration de l’IA

Le marketing et l’IT champions de l’adoption de l’IA en entreprise. Rien de surprenant. Pour la fonction finance, une intégration prudente de l’IA liée aux défis de transparence et de traçabilité tandis que pour HR, cette technologie offre des perspectives inédites de personnalisation de l’expérience collaborateur…

Le think tank et laboratoire d’innovation français Les EnthousIAstes révèle les résultats de l’étude inédite, Trends of AI,  menée en partenariat avec KPMG, entre septembre et octobre 2024. Cette initiative vise à évaluer l’impact de l’IA sur quatre communautés professionnelles : ressources humaines, informatique, marketing et finance. Construite avec 80 experts issus de grandes entreprises (BPCE, Orange, LVMH Recherche, L’Oréal, Veolia, Carrefour, Michelin, Renault Group, SNCF Connect & Tech, RATP Dev, Suez, Back Market, Les Mousquetaires…), l’étude analyse les cas d’usage de l’IA par fonction et éclaire sur les enjeux communs des entreprises dans le déploiement de l’IA.

Marketing : l’IA comme booster de création 

C’est dans le marketing que l’IA soulève le plus d’espoir. Déjà, 54 % des marketeurs l’utilisent pour la traduction de textes, et 47 % pour la création de contenus visuels. L’idée est de gagner du temps sur des tâches répétitives, pour mieux se consacrer à la stratégie.

Une agence de communication a même réduit de 60 % le délai de production de ses visuels grâce à l’IA générative, testant des concepts créatifs à une vitesse jamais atteinte, comme le mentionne un directeur marketing.

Mais attention au revers de la médaille. Cette nouvelle donne « L’IA doit enrichir notre réflexion, pas la remplacer ; ne déléguons pas nos cerveaux ! », conseille Olivier Laborde, Head of Marketing Innovation & Digital, BPCE.

Prudence, donc, notamment pour des missions stratégiques (élaboration de nouvelles stratégies marketing, lancement de produits…). Cela s’explique par la nécessité de préserver la créativité et l’affirmation de la marque, où l’humain conserve un rôle central.

IT, un rôle éminemment transverse

Du côté IT, l’IA démontre déjà son utilité dans la gestion proactive des incidents, anticipant problèmes et interruptions avant qu’ils ne surviennent. Pour 80 % des CIO, l’intégration de l’IA permet de libérer les équipes de tâches répétitives, leur laissant plus de temps pour l’innovation et la stratégie.

« Les données constituent un actif stratégique car elles sont le principal carburant de l’IA, commente Alexis Rouet, Chief Data Officer HR Function, Renault Group. A ce titre, leur bonne gestion et exploitation est essentielle, car elles permettent, outre de développer les usages de l’IA, non seulement de simplifier la prise de décision, en donnant accès aux bonnes données aux bonnes personnes, mais également de révéler de nouvelles opportunités de croissance et d’amélioration de la performance. »

L’assistance à la programmation s’appuyant sur des technologies d’IA générative connaît aussi une très belle dynamique d’adoption (déployée, en production ou en phase de tests pour près de 40% des répondants). Si on y ajoute les cas d’usage d’IA appliqués aux tests logiciels, les fonctions IT investissent dans l’IA pour gagner en productivité dans le développement de nouvelles solutions digitales.

HR : personnaliser l’expérience collaborateur

Côté HR, l’IA intrigue et séduit : 45 % des entreprises envisagent d’utiliser l’IA pour la préqualification de CV et un sondé sur quatre a déjà franchi le pas, une application qui optimise considérablement le recrutement en identifiant rapidement les talents les mieux adaptés aux besoins.

« L’IA redéfinit complètement la manière dont on recrute, retient les talents et gère les carrières », estime Laura Pho Duc, Transformation Executive Director, LVMH Recherche.

Chez un constructeur automobile, une IA a récemment mis la main sur un collaborateur sur le départ, parfaitement apte à un autre poste interne, transformant ainsi la gestion des talents. Mais cette prouesse suscite aussi des inquiétudes, notamment sur la confidentialité des données.

Finance : intégration prudente 

Dans le domaine financier, l’adoption des technologies d’IA est prudente, avec un taux de déploiement entre 13 % et 16 %, bien inférieur à celui du marketing. Cependant, des cas d’usage comme la lutte contre la fraude ou la qualité des données sont des priorités majeures.

21 % des entreprises utilisent déjà l’IA pour détecter les anomalies. Et 65 % envisagent d’automatiser davantage leurs contrôles internes. « L’IA doit permettre de transformer les financiers en catalyseurs de création de valeur, sans jamais remplacer leur sens critique », estime Hélène Doré, Transformation Officer Finance, L’Oréal.

Récemment, une banque européenne a ainsi débusqué une fraude complexe sur des paiements transfrontaliers grâce à l’IA, évitant des pertes colossales. Mais pour Christophe Roux, CEO, Artify, la vigilance s’impose : « Il est hors de question d’alimenter des IA non sécurisées avec des données stratégiques. » La traçabilité et l’auditabilité des algorithmes sont sur le devant de la scène.