Kaspersky Lab, persona non grata en Europe… après les Etats-Unis
Kaspersky Lab, évincé pour liens supposés avec l’Etat russe. Déjà banni des administrations et des entreprises sensibles américaines, l’éditeur commence à vivre des heures difficiles en Europe.
Kaspersky Lab en mauvaise posture. Dans un texte adopté le 13 juin 2018, le Parlement européen «demande à l’Union de procéder à un examen complet des équipements logiciels, informatiques et de communication, ainsi que des infrastructures utilisées dans les institutions afin d’exclure les programmes et appareils potentiellement dangereux et d’interdire ceux qui ont été confirmés comme malveillants, comme Kaspersky Lab».
«La décision du Parlement européen accueille le cybercrime en Europe, a réagi Eugen Kaspersky dans un tweet. Nous protégeons l’UE depuis vingt ans, travaillant avec les forces de l’ordre menant à l’arrestation de nombreux cybercriminels. Sur la base de la décision prise, nous sommes contraints de geler notre coopération avec des organisations telles qu’Europol et NoMore Ransom…»
Le Parlement européen ne précise pas sur quels éléments est basée sa décision. Celle-ci n’est toutefois qu’une demi-surprise. Un peu plus tôt, en mai, le gouvernement néerlandais avait décidé de bannir Kaspersky Lab de ses infrastructures informatiques «afin de garantir la sécurité nationale»; en septembre 2017, l’armée française avait commencé à réduire la présence des antivirus russes dans ses réseaux et ordinateurs au profit de Sophos et de Trend Micro. Idem au Royaume-Uni. Et cela malgré l’absence du moindre élément probant…
Considérant ces accusations injustes, le patron russe avait alors rappelé qu’il installait un datacenter en Suisse, un pays connu pour sa politique de neutralité et sa solide législation de protection des données. «Nous abordons la question de confiance en déplaçant nos installations de stockage et de traitement des données, de même que l’assemblage de nos logiciels en Suisse, avait expliqué à Reuters, Eugène Kaspersky. Les données de nos clients en Amérique, Europe, Japon, Corée, Singapour et Australie seront désormais stockées et traitées en Suisse. D’autres pays suivront.» Apparemment, cela n’a pas suffi pour restaurer la confiance.
Toutefois, tente de relativiser Kaspersky Lab, les députés n’ont voté qu’une résolution dépourvue de tout caractère contraignant. Certes. Ce n’est hélas pas pour cela qu’elle sera dépourvue de conséquence sur l’image de l’éditeur.