Innovate or Fade, le rapport qui fait mal
Le manque d’expertise tech des dirigeants européens coûte cher. Face à nos homologues américains, nous accusons un retard dangereux, estime Accenture. Innovate or Fade.
« Innovate or Fade… Depuis quelques années, il y a beaucoup d’innovations technologiques : IA, cloud… C’est une accélération. Le business a changé. Il faut être plus numérique, plus durable, expose Jean-Marc Ollagnier, CEO, Accenture Europe. En adoptant ces technologiques plus rapidement, il est possible de rattraper son retard en termes de croissance, et surtout de rentabilité. »
Le pourrons-nous ? C’est toute la question du rapport Innove or fade. Seuls 14,4 % des membres des conseils d’administration des entreprises européennes possèdent une expérience technologique, contrairement à 21,6 % dans les entreprises nord-américaines, observe Accenture. L’entreprise a analysé l’expérience technologique des membres du conseil d’administration (directeurs internes et non exécutifs) de 1 843 des plus grandes entreprises du monde, y compris celles d’Amérique du Nord, d’Europe et d’Asie-Pacifique. La recherche a également évalué les antécédents professionnels de 1 695 CEO que les entreprises européennes pourraient générer en comblant cet écart.
Une expérience technologique qui varie d’un pays à l’autre
Parmi les entreprises européennes analysées, les Pays-Bas, l’Irlande et le Royaume-Uni affichent les niveaux les plus élevés d’expérience technologique avec respectivement 19,1 %, 18,9 % et 18,8 %. En revanche, la Norvège (6,2 %), l’Autriche (6,1 %) et le Portugal (4,5 %) ont l’expérience technologique la plus faible au sein de leurs conseils d’administration.
De plus, le rapport révèle qu’à peine 11 % des CEO européens ont une expérience technologique, contre 17 % en Amérique du Nord. En outre, 33 % des entreprises européennes n’ont pas de membres du conseil d’administration ayant une expérience technologique, alors que ce chiffre n’est que de 19 % pour les entreprises nord-américaines.
L’importance de l’expertise technologique au niveau du conseil d’administration ne peut être sous-estimée, en particulier dans l’environnement macroéconomique difficile d’aujourd’hui où les entreprises doivent continuellement se réinventer pour assurer leur résilience et leur croissance.
Nos entreprises moins touchées par la pénurie de compétences
Pour Jean-Marc Ollagnier, la nécessité pour les conseils d’administration et les CEO d’intégrer la technologie dès le départ lors du développement de nouveaux produits, services ou modèles commerciaux, est essentielle. « Ne pas le faire pourrait entraîner des occasions manquées de générer d’importants revenus supplémentaires. L’IA générative en est un bel exemple. Il est important d’en exploiter son potentiel afin de stimuler l’efficacité, la croissance et la mise en œuvre responsable. »
De plus, le rapport révèle que les entreprises européennes mettent davantage l’accent sur le perfectionnement de leur main-d’œuvre en technologie que leurs homologues américaines. Environ 28 % des entreprises européennes interrogées ont déclaré avoir mis en place un programme technologique dans l’ensemble de leur entreprise, alors que seulement 18 % des entreprises américaines font de même. Cet accent mis sur le perfectionnement peut expliquer pourquoi les entreprises européennes semblent moins préoccupées par une pénurie de compétences technologiques que leurs homologues américaines.
Innovate or Fade, l’Europe à la traîne
Pour parvenir à une croissance future, le rapport suggère que les entreprises européennes accélèrent leurs investissements en R&D. Actuellement, les entreprises européennes allouent une plus petite partie de leurs revenus à la R&D par rapport aux entreprises nord-américaines et d’Asie-Pacifique. « De plus, l’écart d’investissement en R&D entre les entreprises européennes et nord-américaines a doublé, passant de 70 points de base en 2017 à 140 points de base en 2022. Cet écart se traduit par un manque à gagner de 147 milliards USD d’investissements en R&D pour les entreprises européennes en 2022 ! »
Le rapport met également en évidence un nombre inférieur de brevets liés à l’IA déposés par des entreprises européennes par rapport à leurs homologues nord-américains et asiatiques. « Seules 60 % des entreprises européennes ont déposé des brevets liés à l’IA, alors que les chiffres s’élèvent à 77 % pour les entreprises nord-américaines et à 89 % pour les entreprises de la région Asie-Pacifique. De même, les entreprises européennes accusent un retard dans le dépôt de brevets liés à l’IA générative, avec seulement 34 % le faisant, contre 60 % en Amérique du Nord et 73 % en Asie-Pacifique. »
Blockchain, informatique quantique…
Jean-Marc Ollagnier souligne que les investissements en R&D technologique sont cruciaux pour la croissance future, permettant le développement de nouveaux produits, services et modèles commerciaux.
« Par exemple, des technologies comme la blockchain peuvent assurer la traçabilité des composants et améliorer la transparence du processus de recyclage, en facilitant la confiance entre les consommateurs et en favorisant la réutilisation des produits. »
Le CEO d’Accenture Europe souligne également le rôle de la technologie dans l’accélération des efforts de R&D. Et de citer l’informatique quantique comme outil pouvant accélérer la découverte de médicaments et permettre la création de matériaux durables.