«Si les FinTechs explosent, des contraintes demeurent encore, conséquence de la vétusté d’un réseau d’un autre temps, générant des coûts payés par les entreprises et leurs clients», relève Chris Larsen, CEO & Cofounder, Ripple Labs. Cette situation résulte d’un réseau sans interopérabilité, évoluant en silos.

Et Chris Larsen de plaider ici en faveur d’une infrastructure moderne, c’est-à-dire véloce, interopérable, de faible coût et à risques réduits. Même refrain pour l’infrastructure de paiement «qui date des années 70». Nous avons besoin aujourd’hui d’une infrastructure de paiement distribuée pour aller vers une espèce de cross currency en temps réel à travers le globe et non plus limitée à l’inter-city.

Une voie tracée pour Ripple, à la fois système de paiement, marché des chganges et réseau d’envois de fonds. Ripple est construit sur un protocole internet distribué et open source, un registre de consensus et une monnaie native appelée ripples (XRP). Le réseau Ripple vise à permettre des «transactions financières mondiales sécurisées, instantanées et presque gratuites, de toute taille sans rejets de débit». Il prend en charge n’importe quelle monnaie fiduciaire (dollar, euro, yen…), crypto-monnaie (bitcoin, litcoin…), commodité ou ou autre unité de valeur (miles aériens, minutes mobiles, etc.)….

En gros, Ripple est une formule de paiement sans intermédiaires. C’est ce qui en fait sa force. Aujourd’hui, le voyage d’un paiement entre la banque expéditrice et la banque réceptrice prend de deux à quatre jours. Trop long dans un monde on-line, trop coûteux aussi avec la rémunération des intermédiaires de paiement. Alternative viable, selon ses promoteurs, Ripple balaye les procédures et réduit le temps de parcours entre les deux banques à moins de six secondes !

Jean-Claude Quintart

 

BIL vs Ripple et CSSF en arbitre !

La nouveauté soulève toujours débat. Les FinTechs n’échappent pas à la tradition. Et, avec sa formule directe, Ripple relance la polémique en s’attaquant au fonds de commerce des banques en inquiétant aussi les régulateurs. «En découvrant Ripple, j’ai tout de suite pensé que nous allions perdre une part de notre gâteau, avoue Hugues Delcourt, CEO, BIL. Soit. Mais pourquoi ne pas nous parler, pourquoi ne pas identifier et saisir des des opportunités ? Ce n’est pas parce que notre banque remonte au 19ème siècle que nous ne sommes pas intéressés par le futur ! Nous devons aller vers les acteurs de rupture, en faire des alliés et prouver que le ‘too big to change’ n’est qu’un mythe. Ripple et les autres acteurs des fintechs ont besoin des banques pour exister. Nous reconnaissons l’inefficacité de nos systèmes et sommes concernés par toutes les initiatives et technologies pouvant nous permettre de réduire nos coûts et délais…»

Karen Gifford, Head of Regulatory Relations & Strategic Policy Initiatives de Ripple Labs, espère de son côté que «les banques s’engageront dans les nouveaux systèmes de paiement technologique comme Ripple qui réduit les coûts et les délais». Et de poursuivre en déclarant que «les nouvelles technologies soulèvent toujours des questions en termes de compliance et régulation, mais que les techniques de traçabilité et d’indentification font partie de l’ADN de Ripple». Et d’ajouter dans la foulée : «Ripple ne ménage pas son temps en explications auprès des différents organes de régulation afin que chacun puisse manifester sa confiance envers son protocole…»

Head of Innovation Payments, Market Infrastructure and Governance à la CSSF, Nadia Manzari prend une raccourci en déclarant que «ce qui n’est pas régulé aujourd’hu, le sera peut-être demain… si nécessaire !» Son problème est qu’«il est de plus en plus délicat de réguler dans un monde où les modèles se multiplient à l’envi, sachant qu’un modèle n’est jamais l’autre et que chaque nouveau modèle présente toujours des risques -souvent cachés- qui ne se découvrent à l’usage. Notre défi est de bien comprendre comment fonctionnent les solutions innovantes, donc de discuter et d’analyser en profondeur les produits et d’arriver comme toujours à nous entendre avec les entrepreneurs du secteur». Et de se montrer encourageante avec Ripple qui, apparemment, «semble bien fonctionner». A suivre, selon l’expression consacrée…

 

Sommaire
ICT Spring 2015 - Ripple, ami ou ennemi ?
Titre
ICT Spring 2015 - Ripple, ami ou ennemi ?
Description
Ripple balaye les procédures et réduit le temps de parcours entre les deux banques à moins de six secondes !
Auteur