EBRC au capital de Digora. Premier pas européen
EBRC est entré au capital de la société française Digora. Un premier pas vers l’international pour le spécialiste luxembourgeois du management de l’information sensible. Explications d’Yves Reding, CEO d’EBRC.
° Pourquoi cette prise de participation -minoritaire à ce jour- dans Digora, entreprise française et majoritaire dans Digora Luxembourg ?
«Le monde se digitalise à grande vitesse, des géants dominent le marché et nous devions nous positionner dans ce contexte, en marquant notre différence… L’ambition était là. Encore fallait-il concrétiser la démarche. L’internationalisation d’EBRC sera progressive. Première étape à Paris et à Strasbourg, avec une prise de participation dans Digora au terme de négociations qui se sont étirées sur neuf mois.»
° EBRC occupe déjà une place de choix : de par la nature de vos offres, vous avez pu attirer des entreprises reconnues, des clients de différentes régions du monde. Faut-il voir plus loin ?
«Dans EBRC, deux lettres sont plus que jamais d’actualité : le ‘E’ de ‘European’ et le ‘R’ de ‘Reliance’. Elles expriment notre volonté de devenir un centre européen d’excellence et de confiance dans le traitement de l’information sensible… Et l’Europe est grande !»
«Notre expansion est une réponse au marché. Dans ce monde digital, les entreprises et organisations doivent se montrer toujours plus agiles, ce qui nécessite aujourd’hui d’externaliser afin de trouver les bonnes ressources, les compétences pointues pour maîtriser les dernières technologies, éviter les menaces et, surtout, pour imaginer ce que son activité sera demain. Le marché n’a jamais évolué aussi vite. On le voit avec l’arrivée d’acteurs disrupteurs dans tous les domaines d’activité; on le voit aussi de par l’évolution du contexte réglementaire -je pense à l’impact du GDPR, au Free Flows of Data en devenir…»
° Certes, mais l’Europe n’est pas le monde…
«Justement ! Nous assistons à un choc des valeurs. En Europe, nous n’avons pas la même perception des risques, pas non plus la même perception de la protection de la vie privée. Pour nous, les données produites par les européens doivent être sécurisées, traitées et valorisées dans un cadre légal européen, comme l’est par exemple la GDPR.»
«Dans ce contexte, la question est de savoir où nous situer et comment nous positionner face aux grands acteurs nord-américains mais aussi asiatiques. Même si nous sommes -et serons- en compétition avec ces acteurs, nous avons toujours évité un choc frontal. Alors que les géants américains défendent des offres standardisées, globalisées et fortement industrialisées, nous mettons en avant chez EBRC notre agilité, notre proximité, le sur-mesure ainsi que notre capacité de gestion des risques. Par risques, j’entends bien évidemment la sécurité, pilier de la disponibilité, mais aussi l’engagement qui nous caractérise dans le déploiement de nouveaux business. Dans le seul domaine de la finance, par exemple, EBRC gère et assiste plus d’une trentaine de Fintechs !»
° S’internationaliser au départ du Luxembourg, est-ce un avantage ?
«La position du Luxembourg est unique. Songez au statut de Professionnel du Secteur Financier, à ce cadre fortement régulé qui n’a nulle part son pareil, ce qui, en tant que prestataire de services, nous a permis d’attirer des acteurs hyper critiques et donc de croître fortement et rapidement. Aujourd’hui, toutefois, il s’agit de voir plus loin et de reconsidérer notre évolution à l’aube de la globalisation forcenée. Demain, en cas d’abandon radical du secret professionnel, chaque grande institution financière risque de rapatrier son informatique vers sa maison mère située à l’étranger. Résultat : nombre de centres IT quitteront Luxembourg avec l’écosystème qui va avec et se délocaliseront dans les pays les moins chers. Beaucoup d’institutions, aussi, disparaitront purement et simplement du fait de l’essor des Fintechs et du chamboulement dans les processus que promet la blockchain… Ce sont là, d’une part, de réelles menaces à très court-terme sur la ‘substance’ et la masse critique digitale au Luxembourg e,t d’autre part, des opportunités à plus long-terme à condition d’arriver à négocier ce virage radical, de combler rapidement les fuites attendues, d’anticiper les changements et surtout de créer de nouvelles sources de valeur au moins équivalentes à l’existant. Notre objectif est d’exporter le savoir-faire ‘made in Luxembourg’ et notre champ d’action est l’espace numérique européen…»
«Notre entrée dans le capital de Digora s’inscrit dans ce contexte d’expansion européenne et de diversification. Aujourd’hui, avec plus de 400 clients pour un chiffre d’affaires de 70 millions d’euros, avec 19% de croissance en 2015, 22% de croissance en 2016, nous sommes un acteur présent dans tous les domaines de l’information sensible : des biotechnologies, du e-Health à la défense, des industries critiques au spatial. Dans la défense, nous sommes classifiés NATO. Ce qui veut dire aussi que le secteur financier, qui représentait l’essentiel de nos revenus voici quelques années à peine, pèse tout au plus 40% aujourd’hui. Et je ne cite pas ici notre engagement auprès de nombreuses start-ups, dans de multiples domaines -par essence disruptifs- que nous conseillons, suivons et servons.»
° Quel sera l’apport de Digora dans un projet d’expansion, en particulier en France ?
«Digora nous permet de franchir un pas important sur le territoire français. Nous étions à la recherche d’un acteur partageant nos valeurs; un acteur culturellement proche et bien représenté sur l’ensemble du territoire -donc pas seulement à Paris ou en Ile de France. D’ailleurs, Digora est très active à Lille, pôle de compétences e-Commerce où EBRC a notamment tissé un beau réseau de contacts d’affaires, à Toulouse, capitale de l’aérospatial où nous comptons des partenaires, ainsi qu’à Rennes, réputée pour ses compétences Cybersecurity. Sans oublier Bordeaux, Lyon…»
«L’ambition, pour EBRC, est évidemment d’étendre son champ d’action tout en restant proche des clients. Si l’on veut développer notre activité dans l’aérospatial par exemple, il faut être à Toulouse, être au plus près du pouvoir de décision, au plus près de l’opérationnel des clients et donc y avoir des équipes.»
° Des apports sur le plan technologique ?
«Oui. À commencer par de très grandes compétences en matière de bases de données, en particulier Oracle avec une certification Platinum. C’est un formidable atout dans le sens où la technologie Oracle est présente dans la majorité des environnements critiques, que ce soit via leurs DBMS ou leurs progiciels. En même temps, Digora a su développer des compétences Microsoft SQL Server et non-SQL, notamment de type Mango-DB Déjà opérées chez EBRC.»
«Sur base de ces compétences, y compris dans le Middleware, nous allons pouvoir étoffer nos catalogues respectifs et élaborer des offres communes. L’objectif est de faire de ce projet une opération ‘1 + 1 = 3’ en répondant à des projets plus ambitieux ! C’est vrai dans les deux sens. De son côté, en effet, Digora pourra aborder des comptes plus importants, plus exigeants en termes de capacité, notamment via notre centre d’opérations critiques, nos certifications internationales, nos infrastructures Tier IV mais également à travers notre expertise en cybersécurité, en gestion des risques...»
° EBRC présente cette prise de participation comme la première étape de son expansion… D’autres projets dans les cartons ?
«Nous poursuivons activement nos recherches dans la sphère francophone. Nous sommes en quête d’alliances similaires tant en Belgique qu’en Suisse. Nous devons suivre nos clients. Le long du lac Leman, les activités dans la finance, le pharma et les institutions internationales y sont puissantes. Nous pouvons dès lors apporter une réelle valeur ajoutée.»
EBRC au capital du français Digora. Premier pas européen
Créée en 1996, Digora est une entreprise de service numérique spécialiste de la gestion et la valorisation des données. Elle est active dans l’outsourcing d’infrastructures complexes (systèmes de gestion de bases de données, Middleware, Cloud Computing, Big Data…); historiquement orientée Oracle, elle s’est aussi spécialisée dans les environnements IBM, VMWare et SQL Server.
Digora n’est pas inconnue au Grand-Duché, où elle est présente depuis septembre 2015 sous la direction de Patrick Thill (ex-Netcore, ex-Oracle).
Dans le cadre de cette alliance, EBRC devient l’unique associé aux côtés des actionnaires de référence que sont les fondateurs et les cadres associés de Digora. Par ailleurs, les fondateurs de Digora soulignent l’accompagnement performant depuis 2012 d’Euro Capital, société de capital-investissement du groupe Banque Populaire, et acteur majeur du financement des PME à fort potentiel.
«L’entrée à notre tour de table d’un partenaire industriel tel qu’EBRC marque une étape significative du développement de Digora, déclarent Renaud Ritzler et Gilles Knoery, fondateurs de Digora. Outre la pérennité et la crédibilité amenée par ce partenariat, il va aussi nous permettre de consolider et d’accélérer notre croissance, tant sur le plan national qu’international. Nos axes de développement stratégiques autour de la sécurité, l’hébergement et les services managés de plateformes critiques de nos clients grands comptes se voient renforcés et permettront ainsi de développer nos activités de Cloud Broker en lien avec Oracle Cloud, Microsoft Azure, Amazon AWS…»
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