Les entreprises dépenseraient plus que prévu en technologie… tout en constatant néanmoins des économies
Alors même que les coûts du cloud ont tendance à s’envoler, les CEO et conseils d’administration admettent les dépassements de budgets. Si ce « Cloud Paradox » peut étonner, il s’explique…
83 % des CIO déclarent dépenser actuellement plus que prévu pour le cloud, près de la moitié d’entre eux enregistrant des dépassements de 26 % ou davantage, a chiffré Azul. Les projets d’IA et les usages des développeurs font grimper les factures cloud au-delà des budgets prévus dans la plupart des organisations, mais les CIO considèrent toujours le cloud comme une solution incontournable.
Rien d’étonnant, soutient ce spécialiste mondial des environnements Java, qui a interrogé 300 CIO aux États-Unis. Principale conclusion : tant pis si les dépenses s’envolent, cela en vaut la peine ! Quoi qu’il en coûte, il n’est pas question de revenir sur le choix du cloud. Les entreprises ont fait de l’adoption du cloud un élément clé de leur stratégie informatique.
Et cette tendance, observe Azul, ne fait que s’accélérer. 71 % des CIO déclarent exécuter actuellement plus de 60 % de leurs charges de travail dans le cloud. Et 42 % souhaitent que 81 à 100 % de leurs charges de travail soient dans le cloud d’ici cinq ans. Pour autant, les organisations auront à se concentrer sur des stratégies d’optimisation des ressources, d’amélioration de l’efficacité et de maîtrise des dépenses.
Optimiser les coûts, mais comment ?
Diverses stratégies seront mises en œuvre pour optimiser les dépenses, constate Azul. Les principales incluent l’optimisation et la modernisation des charges de travail applicatives pour le déploiement cloud (52 %), l’exploitation des outils de gestion des coûts des fournisseurs de cloud (51 %), l’utilisation des programmes de remises d’entreprise (49 %), le suivi et l’audit des déploiements cloud (45 %) et l’adoption d’approches FinOps (32 %). Certains CIO explorent également les plateformes Java hautes performances pour réduire le gaspillage lié au cloud computing (30 %) et les architectures de puces plus récentes comme ARM pour un meilleur rapport qualité-prix (29 %).
L’étude d’Azul montre aussi -et surtout- que, malgré les dépassements de coûts, 80 % des CIO interrogés constatent des économies sur leur infrastructure et leurs applications cloud ! C’est pourquoi 56 % d’entre eux déclarent que leur direction soutient les niveaux de dépenses actuels… et approuverait de nouvelles augmentations, même si 43 % indiquent que leurs conseils d’administration sont préoccupés par leurs niveaux de dépenses cloud.
« Cloud Paradox », le paradoxe de Jevons
Pour Scott Sellers, CEO, Azul, le marché du cloud se situe en plein paradoxe de Jevons. Selon celui-ci, à mesure que les améliorations technologiques augmentent l’efficacité avec laquelle une ressource est employée, la consommation totale de cette ressource peut augmenter au lieu de diminuer.
Autrement dit, la baisse graduelle des coûts des ressources tend à en accroître l’usage, aboutissant à une augmentation des dépenses. « Même si les CIO dépensent plus pour les services cloud que ce qui est inscrit au budget, ils semblent croire que l’exploitation des applications sur site reviendrait encore plus cher ! »
Surveiller le cloud en permanence
Le « Cloud Paradox » n’est toutefois pas une fatalité. Si les dépenses cloud sont synonymes d’efficacité à grande échelle, des coûts imprévisibles peuvent néanmoins provenir de facteurs tels que la prolifération des charges de travail, la sous-utilisation des ressources et la complexité des structures tarifaires, analyse Scott Sellers. « La clé n’est pas seulement d’adopter le cloud, mais de le surveiller et de l’optimiser en continu afin de maximiser l’efficacité sans compromettre les niveaux de service des applications. »
Une approche globale s’impose, recommande Azul. De fait, il n’existe pas de méthode unique pour optimiser les dépenses liées au cloud. Tout est nécessaire, y compris une observabilité et un monitoring de bon niveau, afin de savoir exactement quelle application consomme quelle ressource, et de disposer de niveaux de granularité encore plus fins pour les microservices au sein même de ces applications.
« Les entreprises devraient également examiner les types de ressources qu’elles consomment, conseille encore Scott Sellers. Par exemple, une organisation aura parfois besoin d’un stockage cloud avec une latence très faible pour faire tourner des applications critiques, mais, dans d’autres cas, elle pourra se contenter d’un stockage offrant une latence plus élevée. »