«Gagner la crédibilité requise pour participer activement aux discussions de leadership stratégique sera probablement un processus graduel pour de nombreux CIO…» Tout est dit. Par ce commentaire, Patrick Laurent, Consulting Partner, Deloitte Luxembourg, résume fort justement la deuxième enquête de Deloitte auprès des CIO pour analyser l’évolution de leur fonction. 900 CIO de 49 pays ont participé cette année, dont 40 basés au Luxembourg.
La comparaison des résultats mondiaux et locaux de l’enquête montre que la promotion de la stratégie numérique constitue une priorité nettement moins importante au Luxembourg qu’à l’échelle internationale. Les CIO luxembourgeois ne placent en effet la stratégie numérique qu’en septième position parmi leurs priorités, alors qu’elle se classe dans le top 3 d’un point de vue global.
Les CIO luxembourgeois se distinguent de l’échantillon dans son ensemble de par l’importance qu’ils accordent à la prestation de services et l’expérience client par le biais de la technologie. Conformément aux résultats globaux, ils privilégient la prestation de services informatiques à la croissance. L’enquête suggère que cet état d’esprit pourrait entraver les efforts déployés par les CIO en vue de faire de leurs organisations des centres de profits et non plus de coûts.
L’enquête indique que l’évolution des budgets informatiques au Luxembourg est en ligne avec la tendance globale. Cette année, 79% des CIO luxembourgeois ont fait état d’une hausse ou d’un maintien au même niveau de leurs budgets, contre 71% un an plus tôt. Cependant, contrairement aux résultats globaux, une hausse de la part des budgets informatiques allouée aux activités informatiques de routine a été observée au Luxembourg (56%, contre 53% l’année dernière), ce qui réduit la part des investissements en faveur de la croissance et de l’innovation.
Près de la moitié des CIO luxembourgeois (47%) considèrent l’innovation comme un facteur important pour leur organisation, mais ne reçoivent pas suffisamment de soutien financier pour concrétiser leurs idées, comme en témoigne le fait qu’environ 40% d’entre eux dépensent moins de 10% de leur budget en faveur de l’innovation.
«L’enquête confirme que les CIO sont mis à rude épreuve, explique Patrick Laurent. Ils luttent pour devenir de véritables partenaires stratégiques et pour défendre leurs propres projets face aux besoins de l’entreprise, ce qui explique peut-être pourquoi les CIO luxembourgeois ne mettent pas l’accent sur l’innovation et la promotion de la stratégie numérique».
En termes de comportement, les CIO luxembourgeois sont globalement conscients de l’importance de s’affirmer en tant que chefs d’entreprise et partenaires stratégiques, et un quart d’entre eux disent être amenés à gérer des situations. Le fait que deux tiers d’entre eux se décrivent comme plus rationnels qu’intuitifs explique probablement le moindre degré d’innovation dont ils font preuve par rapport à l’échantillon global.
Les conclusions de l’enquête révèlent que le principal obstacle aux investissements informatiques risqués en faveur de l’innovation et de la croissance au Luxembourg serait l’insuffisance du budget informatique qui y est alloué, et non une aversion pour le risque de la part de la direction.