Organiser, opérer, délivrer et, finalement, innover. Telles sont les quatre grandes tâches du CIO, a d’emblée précisé Jean-Luc Martino, CIO de la banque Raiffeisen et «CIO of the Year 2013» en accueillant les participants à la huitième édition du Gala IT One. Mission: aider en permanence les métiers à opérer leurs activités, à développer leur avantage concurrentiel et à innover tout en contrôlant les coûts.
C’était le 9 décembre 2014 au Nouveau Centre de Conférences de Luxembourg-Kirchberg: près de 1.000 membres de la communauté ICT luxembourgeoise réunis autour de la thématique Human Centric Innovation!
Mission du CIO: aider en permanence les métiers à opérer leurs activités, à développer leur avantage concurrentiel et à innover tout en contrôlant les coûts. Le CIO est donc tenu de simplifier et de rationaliser en permanence le paysage IT. Il s’agit d’être efficace, mais aussi de le montrer: «on s’équipe en méthodes, on documente et, surtout, on mesure ce qui est délivré par l’IT, mais sans négliger l’humain qui est bien le moteur de l’innovation organisationnelle, estime Jean-Luc Martino. Les possibilités d’innovation sont infinies et tout l’art réside dans l’assemblage subtil de l’humain et des méthodes.»
Ensuite, il s’agit d’assurer la disponibilité maximale des services IT et d’en réduire les coûts: «nos systèmes doivent être disponibles à 99,999%.» Pour opérer en innovant, le CIO de la banque Raiffeisen recommande de «penser Jugaad» -un terme hindi qui désigne une solution innovante, improvisée, née de l’ingéniosité et de l’intelligence. Cette conception de l’innovation a déjà été adoptée par Siemens, Renault ou encore Tata Motors. L’humain est, ici aussi, le moteur de cette innovation «frugale».
«Pour innover dans les projets que vous devez délivrer, conseille le CIO de l’année 2013, placez l’Expérience Client au centre de vos réflexions et conceptions, détaillez l’ensemble des expériences que vit le client avec un produit pour amorcer l’innovation, personnalisez les produits pour impulser la différenciation stratégique.»
Enfin, «abandonnez les méthodes traditionnelles qui freinent les initiatives; favorisez l’éclosion des idées et adoptez des méthodes agiles», encourage Jean-Luc Martino. Les équipes IT et métier entreront ainsi en osmose dans une connexion Brain to Brain permanente. «Adoptez le cloud des idées et le ROI des projets sera au rendez-vous!»
Arrivés au bout du voyage, quelles grandes leçons pouvons-nous tirer de cette quête de l’Innovation? «Placez l’humain au centre du processus, donnez-lui du temps, lâchez prise, tolérez l’erreur… et l’innovation sera en route!»
De l’innovation au progrès humain
Innovation… Par-delà toute définition formelle, l’innovation «c’est transformer des mégahertz en bonheur ou des mégabits en emploi!», renchérit Marc Giget, Président du Club de Paris des Directeurs de l’Innovation.
Parcourant les grandes vagues d’innovation -«l’énergie vitale des sociétés»- qui ont marqué l’histoire, du monde gréco-romain à la Belle Epoque, en passant par l’âge des bâtisseurs de cathédrales, Marc Giget s’est attardé sur la Renaissance qui a vu naître le brevet industriel, le venture capitalism, le design et, surtout, l’humanisme: «depuis, l’homme est devenu mesure de toute chose.» Et c’est là un aspect central de la réflexion de Marc Giget pour qui l’innovation ne s’épanouit et ne perdure que si elle apporte à tous un élément qui satisfait un besoin humain essentiel.
Nous sommes, en ce début de 21ème siècle, au seuil d’une vague d’innovation de grande ampleur. Mais, explique-t-il, il nous reste à accomplir la «synthèse créative» des poussées technologiques dont nous gratifie la révolution digitale, synthèse qui porte sur quatre grands domaines et les améliore: la condition humaine, la relation entre les hommes, la vie dans la cité et notre relation à la nature.
Cependant, cela ne va pas sans mettre à mal des pans entiers de l’économie et de la société car «innover c’est changer une équipe qui gagne»: nous sommes dans l’une de ces phases de «destruction créative» théorisée par Schumpeter et qui détruit en ce moment-même quantité d’emplois dans les fonctions administratives.
Pourtant, si la révolution digitale a un impact négatif indéniable sur l’emploi à court terme, elle a un potentiel considérable à moyen et long terme: «l’invention de l’imprimerie a détruit 15.000 emplois de copistes avant de créer 150.000 postes d’ouvriers imprimeurs!» La disparition des anciens acteurs n’est donc pas grave dans la mesure où de nouveaux prennent le relais et renouvellent les métiers. «Mais, hélas, le relais n’est pas instantané», regrette le Président du Club de Paris des Directeurs de l’Innovation. De là, des situations parfois tragiques.
Les grands axes d’innovations de sortie de crise, Marc Giget les voit dans l’économie de partage, mais aussi le «low-cost», le «green», l’intégration du digital, la co-conception, l’auto-conception et l’arrivée d’innovations radicales «human centric» dont on voit déjà les premières manifestations: exosquelettes, cœurs artificiels, chirurgie non- intrusive, thérapie génique et autres robots d’aide à la personne. Il s’agit, en somme, de «partir des attentes, des idéaux, des besoins réels des personnes auxquelles on s’adresse» pour apporter à la fois de nouveaux services extrêmement individualisés et des solutions universelles dans un monde globalisé.