SAP, Dassault et Sage. Le trio de tête n’a pas changé depuis la dernière édition du Truffle 100. En revanche, la neuvième édition du classement des 100 premiers éditeurs en Europe réalisé par le fonds de capital-risque Truffle Capital constate un tassement de la croissance du chiffre d’affaires en 2013, à 42,2 milliards d’EUR, soit une hausse de seulement 2,7% contre 10% un an avant.
«L’industrie de l’édition de logiciels traverse actuellement une zone de turbulence marquée par des investissements supérieurs aux profits», estime Bernard-Louis Roques, co-fondateur de Truffle Capital, qui s’interroge sur la persistance éventuelle de cette conjoncture.
Les investissements de R&D (6,9 milliards d’EUR en 2013) continuent à dépasser les bénéficies (6,3 milliards d’EUR en 2013) même s’ils n’ont progressé que de 1,5%. «Les deux courbes se sont croisées en 2012, explique Bernard-Louis Roques. On pensait que c’était un problème conjoncturel. On se rend compte maintenant qu’il va durer…»
Car les éditeurs doivent se transformer pour se mettre à l’heure du cloud computing, des mobiles, du big data ou encore des objets connectés. Une opération lourde qui demande du temps, mais aussi beaucoup de ressources. «Aujourd’hui, le modèle SaaS représente à peine 10% des ventes des 100 premiers éditeurs européens, observe encore Bernard-Louis Roques. Le problème c’est qu’il n’y plus assez de croissance pour financer cette transformation!»
«Dans l’édition de logiciels, il n’existe pas d’autre choix que d’investir dans les produits à venir», rappelle à cet égard Bernard-Louis Roques, pointant l’effet de ciseaux actuel entre la courbe des profits et celle des investissements.
Autre évolution inquiétante: le tarissement des sources extérieures de financement. Les éditeurs ont de moins en moins accès aux marchés des capitaux. Le nombre de sociétés cotées en bourse est tombé à 56 en 2013, contre 85 en 2006. «Il y a eu beaucoup de rachats, fusions, LBO et sorties de la cote. Et plus assez d’introductions pour compenser les sorties. Il y a manifestement une désaffection des investisseurs en Europe vis-à-vis du logiciel. Ceci tranche avec ce qui se passe aux Etats-Unis où les éditeurs bénéficient d’énormes valorisations boursières.»