Mai 2008, Cisco rachète la start-up Nuova Systems, à l’origine du commutateur Nexus 5000. Cisco entre dans le data center par la grande porte. Six ans après, Cisco dresse un bilan plus que satisfaisant: 30 000 UCS de par le monde et une position de n°2 sur le marché des blades x86, juste derrière HP.
«J’évite d’employer le mot de serveurs, explique Hughes De Pra, Head of Architecture, Data Center & Virtualization, Cisco Systems. UCS signifie Unified Computing Systems; il s’agit donc de solutions convergées. Le but ce ne sont pas les serveurs en tant que tels, mais les data centers et le cloud computing!»
Dernière étape en date, InterCloud. Ou l’«hybridation» du cloud computing. L’avènement du cloud hybride semble irréversible -les entreprises doivent s’y préparer. On le voit déjà, certaines difficultés apparaissent. Ainsi, il faut s’attacher à maintenir la continuité de fonctions sur des environnements matériels et logiciels hétérogènes conçus et gérés par des organisations différentes. La mobilité des workloads et la continuité des politiques de sécurité ne sont que quelques exemples des problèmes à résoudre.
«Avec InterCloud, poursuit Hughes De Pra, nous proposons de pouvoir placer les workloads à la fois dans un cloud privé et chez un fournisseur de cloud constituant des environnements hétérogènes; étendre d‘un cloud privé à un cloud public. La demande est perceptible à travers les cahiers des changes que nous recevons ces derniers temps; les entreprises sont en train de faire leur révolution…»
Ce qui suppose une transformation des data centers. Cisco procède par étapes qui s’enclenchent logiquement. D’abord, simplifier les infrastructures pour éliminer ou, tout au moins, réduire la complexité qui freine les évolutions, pénalise l’agilité et grève le budget opérationnel -c’est ce qui a été fait en particulier avec les serveurs UCS. Ensuite, accélérer la mise à disposition d’une infrastructure pour les applications -c’est le rôle des infrastructures convergentes et, tout particulièrement, de Vblock qui permet d’Industrialiser la conception des architectures, leur déploiement et la gestion de leur cycle de vie. Enfin, automatiser les politiques d’infrastructures relatives aux applications -c’est l’objet de Cisco ACI (Application Centric Infrastructure).
«Si l’on pense infrastructure quand on parle data center, il est temps de raisonner en termes de services, ajuste Hughes De Pra. Aujourd’hui, en effet, nous assistons à une migration des modèles d’utilisation sur site vers les services en cloud. Autrefois séparés, le développement et les opérations sont sur la voie de l’intégration. Les modèles de gestion axés sur le matériel migrent vers une structure de gestion axée sur les applications.»
Les conséquences sont là: le délai de provisionnement des applications doit, dès lors, se compter en heures, et non plus en mois. Quant au dimensionnement des ressources, l’unité de mesure n’est plus l’heure, mais la minute!
Il faut donc travailler autrement, ne plus se contenter d’une visualisation opérationnelle en silos, sans modèle opérationnel commun. «Dans la matrice d’infrastructure centrée sur les applications, les besoins des applications sous-tendent le comportement de réseau, et non l’inverse, explique Hughes De Pra. Les exigences et descriptions prédéfinies en matière d’application automatisent l’approvisionnement du réseau, les services d’application, les politiques de sécurité, les sous-réseaux d’hébergement et le placement de flux de travaux. Ce point de mire permet d’exploiter les applications d’entreprise classiques et les applications développées à l’interne côte à côte sur une infrastructure de réseau conçue pour les soutenir d’une façon dynamique et évolutive.»
Si le cloud est en train de transformer les modèles de consommation de l’informatique, il devrait devenir également le vecteur incontournable pour la mise en œuvre des nouvelles technologies telles que l’IoE (Internet of Everything), lequel connecte personnes, données, processus et objets. De toute évidence, on se dirige vers un cloud sans frontière qui s’enrichit des fonctionnalités et des ressources de multiple clouds…
L’ambition est clairement affichée, construire un réseau de clouds avec les partenaires: le plus important Intercloud au monde. Pour y arriver, pas moins d’un milliard de USD y seront consacrés sur deux ans. Une large gamme de services est prévue: infrastructure, collaboration, conformité ou bien encore des services de gestion d’énergie. En somme, un cloud totalement ouvert. L’InterCloud sera conçu autour des technologies Cisco et utilisera OpenStack pour l’ouverture qu’il offre. L’objectif est de supporter tous types d’applications et d’hyperviseurs et d‘interopérer avec n’importe quel cloud.