L’adoption rapide de l’IA classique et de la GenAI dans les entreprises crée un effet d’écran partagé : des gains réels et des craintes qui le sont tout autant. Une analyse du Boston Consulting Group X.

D’un côté, des gains importants : environ la moitié des employés économisent au moins cinq heures par semaine en utilisant la GenAI au travail. D’un autre, les salariés qui utilisent régulièrement les outils GenAI sont plus susceptibles que les autres de craindre une perte d’emploi. Au total, 49 % des utilisateurs réguliers estiment que leur emploi pourrait disparaître dans les dix prochaines années, contre seulement 24 % des salariés n’utilisant pas GenAI !

Ces points de vue contradictoires et paradoxaux ressortent de l’enquête mondiale AI at Work : Friend and Foe menée par BCG X auprès de 13 102 employés, des dirigeants des équipes dirigeantes aux employés de première ligne, dans 15 pays et régions. La plupart des personnes interrogées occupent des postes de bureau.

Remodeler l’organisation

BCG X estime avoir mené l’enquête à une phase critique de la maturation de la GenAI, alors que les entreprises dépassent le stade des projets pilotes et commencent à intégrer la technologie dans le tissu de leur organisation. Près des deux tiers des dirigeants (64 %) ont déclaré qu’ils commençaient à utiliser la GenAI pour remodeler leur organisation.

À mesure que les entreprises transforment leurs activités pour s’adapter à la GenAI, elles devront gérer cette tension sur le lieu de travail, entre confiance et inquiétude. Une approche consiste à mettre l’accent sur la capacité de la GenAI à réduire la pénibilité du travail, comme les tâches administratives, tout en augmentant le temps disponible pour les tâches appréciées des employés, comme le développement professionnel et, pour les managers, le mentorat et le coaching.

La question, aujourd’hui, n’est plus de savoir si la GenAI génère vraiment des gains de productivité, mais que font les salariés des cinq heures hebdomadaires que la technologie leur permet d’économiser ? Ce temps, constate BCG X, se partage entre différentes activités utiles. Tout d’abord, l’exécution de tâches supplémentaires (41 %) ou de nouvelles tâches (39 %), L’expérimentation, ensuite, de la GenAI (38 %). Et le travail sur des tâches stratégiques (38 %). Globalement, la GenAI permet à ces employés de travailler plus intelligemment. Il ne s’agit pas seulement de supprimer la fatigue de leur travail.

La formation peut libérer le potentiel de la GenAI

Les dirigeants et les employés de première ligne reconnaissent la nécessité d’une formation pour activer pleinement la GenAI. Il est au cœur des trois principaux défis identifiés aujourd’hui par les dirigeants. Un : un manque de connaissances en IA dans les rôles non technologiques. Deux : une incertitude quant au moment d’utiliser la GenAI. Et trois : un manque de talents technologiques spécialisés. De même, les trois principaux défis des travailleurs de première ligne qui utilisent la GenAI sont liés à la formation : temps insuffisant pour apprendre à utiliser l’outil ; formation inefficace et incertitude des utilisateurs quant au moment d’utiliser la GenAI.

Bien que les entreprises aient fait des progrès dans la formation de leurs employés depuis l’année dernière, lorsqu’une enquête similaire a été menée, BCG X constate cette année que seulement 30 % des managers et 28 % des employés de première ligne ont été formés à la façon dont l’IA va changer leur travail, contre la moitié de dirigeants.

Libérer le pouvoir transformateur de la GenAI

L’enquête révèle la nature à double tranchant de la GenAI, analyse encore BCG X. « La familiarité est en corrélation à la fois avec le confort et la peur. La GenAI est une technologie révolutionnaire, ces réactions opposées ne devraient donc pas surprendre. »

N’empêche. Ces réactions humaines posent un défi aux organisations alors qu’elles se lancent dans une transformation construite autour de la GenAI. Heureusement, les règles de transformation ne sont pas révolutionnaires. La plupart des entreprises ont une expérience en matière de transformation.

Des gains… mais avant tout un défi de gestion

A l’issue de son étude, BCG X avance une série de recommandations clés. A commencer par établir un état d’esprit axé sur la transformation. A développer, ensuite, la notion d’entraînement à grande échelle. Il faut insister sur la manière dont la GenAI peut augmenter la création de valeur et la motivation des employés. Enfin, anticiper l’évolution des rôles, des compétences, du modèle opérationnel, des données et de la gouvernance.

Fondamentalement, « il s’agit davantage de défis de gestion que de défis technologiques ». En reconnaissant les manières complexes dont les humains comprennent et interagissent avec la GenAI, les dirigeants peuvent remodeler leurs organisations pour maximiser les forces et la valeur de leurs travailleurs humains et machines