Le nouveau licensing de VMware ne passe pas
Le CISPE appelle les régulateurs, les législateurs et les tribunaux européens à examiner rapidement le nouveau programme de licensing de Broadcom. En particulier l’annulation unilatérale des termes de licence pour les logiciels de virtualisation essentiels.
Les services cloud essentiels aux organisations des secteurs public et privé, notamment les collectivités locales, les hôpitaux et les universités ainsi que les entreprises commerciales, pourraient être mis hors ligne d’ici deux semaines, prévient le CISPE (Cloud Infrastructure Services Providers in Europe). Avec son nouveau licensing, Broadcom rançonne le secteur, ne craint pas d’affirmer l’association européenne.
Les clients du cloud, notamment les organismes du secteur public, les grandes entreprises européennes, les PME et les start-ups, sont tous menacés par de nouvelles conditions contractuelles de licensing et des augmentations de prix flagrantes et injustifiées. Le CISPE réclame, minima, une pause immédiate dans les résiliations de contrats et la possibilité pour les clients de mettre fin au contrat pluriannuel imposé par Broadcom dès que des alternatives viables deviennent disponibles.
Les ambitions de l’Europe gravement mises à mal
Plusieurs membres du CISPE ont déclaré que sans la possibilité d’obtenir des licences et d’utiliser les produits VMware, ils feraient rapidement faillite, cessant leurs activités. Certains affirment que plus de 75 % de leurs revenus dépendent des technologies de virtualisation logicielle VMware. Les clients finaux, allant des grands champions nationaux et services du secteur public aux PME et start-ups, déclarent qu’ils ne seront pas en mesure de fournir tout ou partie de leurs services en ligne si ce problème de licence n’est pas résolu. Dans certains cas, il s’agit notamment de services médicaux vitaux. En fin de compte, les citoyens seront privés de services cloud quotidiens et rentables et les ambitions numériques de l’Europe seront gravement mises à mal.
Les membres du CISPE, les principaux fournisseurs de services d’infrastructure cloud en Europe, signalent que dans de nombreux cas, les avis de résiliation ont été reçus tardivement, voire pas du tout, avec un préavis de quelques semaines seulement. Des centaines de produits ont été supprimés sans préavis, et les produits restants ont été regroupés dans le cadre de nouvelles conditions contractuelles, sans aucune modification technique ni développement logiciel, ce qui aurait pour effet d’augmenter injustement les coûts pour les clients.
En otage…
De plus, les fournisseurs ne savent même pas s’ils seront invités à participer aux nouveaux programmes de partenariat de Broadcom. Ceux qui sont invités se sentent poussés à accepter des conditions de licensing injustes en raison des courts délais imposés pour signer. Les nouvelles conditions incluent des engagements minimum s’élevant à plusieurs dizaines de millions d’euros sur des périodes de trois ans. Les coûts des licences ont été multipliés par douze (soit 1 200 %) dans certains cas.
« À l’heure où nos membres s’efforcent de répondre aux exigences de commutation et de portabilité entre les services cloud décrites dans le Data Act, Broadcom tient le secteur en otage. Le nouveau propriétaire de VMware tire parti de la domination de sa technologie sur le secteur de la virtualisation pour appliquer des conditions de licensing injustes et extraire des loyers qui le sont tout autant, commente Francisco Mingorance, Secretary General, CISPE. Ces changements nuisent aux clients européens et aux fournisseurs de services cloud, en augmentant les coûts et en réduisant le choix. »
Les régulateurs appelés à la rescousse
En tant que leader du marché dans le secteur de la virtualisation cloud – VMware détenait près de 45 % du marché de la virtualisation en 2023 – et seule option viable dans certaines applications spécifiques du secteur cloud qui doivent être certifiées par des fournisseurs de logiciels ou de services, Broadcom doit être considéré comme un gardien selon les termes du DMA. Ses actions doivent être considérées comme celles d’un acteur dominant dans la mesure où il impose aux clients des conditions « à prendre ou à laisser ». Le CISPE appelle les régulateurs à examiner rapidement les actions de Broadcom et à lui demander des comptes.
Ce coup de poing sur la table est une réponse aux commentaires de Hock Tan, l’homme fort de Broadcom qui avait évoqué – notamment dans les colonnes de Solutions Magazine – les 100 jours de VMware sous les couleurs de Broadcom dans un climat de malaise… Clients et partenaires ont vu rouge. « En plus d’infliger des dommages financiers à l’économie numérique européenne, les actions de Broadcom décimeront le secteur indépendant des infrastructures cloud en Europe et réduiront encore davantage la diversité des choix offerts aux clients », ajoute Francisco Mingorance. Pour lui, se faisant l’écho de l’industrie et du marché, « les fournisseurs de logiciels dominants, dans tous les secteurs – des logiciels de productivité à la virtualisation – ne doivent pas être autorisés à exercer un pouvoir de vie ou de mort sur les écosystèmes numériques européens. »
L’avertissement sera-t-il entendu ?