Data centers plus chers, pas d’exode en vue
Il est peu probable que les coûts plus élevés des data centers entraînent un exode vers le cloud public, estime Dr Owen Rogers, Research Director for Cloud Computing, Uptime Institute.
Quel est le lieu le moins cher pour les entreprises clientes : les data centers sur site ou le cloud ? C’est la question du moment, compte tenu des surcoûts énergétiques et de l’inflation. Et son spectre : un possible exode. « Question futile, estime pour sa part, un rien provocateur, Dr Owen Rogers, Research Director for Cloud Computing, Uptime Institute. D’abord, parce que les caractéristiques de toute application spécifique dicteront quel lieu est le plus cher -il n’y a pas de réponse simple et sans équivoque. Ensuite, parce que la question implique qu’un acheteur choisirait principalement en fonction du coût. Or, ce n’est pas forcément le cas… »
Non, l’infrastructure n’est pas une marchandise, insiste le directeur de recherches. La plupart des utilisateurs ne choisiront pas un lieu uniquement parce qu’il coûte moins cher. Les utilisateurs peuvent choisir de conserver les charges de travail dans leurs centres de données ou dans une colocation parce qu’ils veulent être sûrs qu’ils sont entièrement conformes à la législation. Ou, encore, pour être situés à proximité des utilisateurs finaux. Ils peuvent choisir le cloud computing pour les charges de travail qui nécessitent une évolutivité rapide. Ou pour accéder aux services de la plate-forme plus haut dans la pile. Bien sûr, les coûts comptent autant pour les CIO que pour les CFO. Mais le cloud computing, les centres de données sur site et les colocations offrent tous une valeur au-delà de leurs différences de coûts relatives.
Moins une question de prix que de valeur
« Une façon d’évaluer la valeur d’un produit consiste à effectuer une analyse de sensibilité au prix, dans laquelle on demande aux utilisateurs comment ils réagiraient hypothétiquement aux variations, commente Owen Rogers. Les utilisateurs qui tirent une valeur considérable d’un produit sont moins susceptibles de modifier leur comportement d’achat suite à une augmentation des coûts. Les utilisateurs plus sensibles aux augmentations envisageront généralement des offres concurrente. Les coûts de changement sont également un facteur dans la sensibilité d’un utilisateur aux changements de prix. Dans le cloud computing, par exemple, le coût de la réarchitecture d’une application dans le cadre d’une migration peut ne pas être justifiable si les économies de coûts qui en résultent sont limitées. »
Voici un an, l’Uptime Institute avait interrogés les décideurs informatiques quant aux charges de travail qu’ils seraient susceptibles de migrer vers le cloud si les coûts de leur data center (sur site et en colocation) augmentaient respectivement de 10 %, 50 % ou 100 % en supposant que les prix du cloud restent stables). Les conclusions ? Si les coûts sur site ou en colocation devaient augmenter de 10 %, environ 12 % des charges de travail pourraient migrer vers le cloud. Si les coûts devaient augmenter de 50 %, environ 24 % des charges de travail seraient potentiellement déplacées vers le cloud. « Même si les coûts devaient doubler, seulement un peu plus de 30 % des charges de travail seraient susceptibles de migrer vers le cloud public. Cela suggère que les utilisateurs sur site et en colocation ne sont pas particulièrement sensibles au prix, estime Owen Rogers. Bien qu’ils soient susceptibles d’avoir un certain impact, il est peu probable que la hausse des coûts des centres de données en soi déclenche un exode massif vers le cloud public. »
Cloud public, toujours des réticences
Cependant, certains utilisateurs sont plus sensibles au prix que d’autres. 42 % des personnes interrogées indiquent qu’une augmentation de 10 % des coûts n’entraînerait aucune charge de travail vers le cloud public. Il est encore peu probable qu’un quart des répondants migrent leurs charges de travail même s’ils sont confrontés à des hausses de prix de 50 %. Notamment, un quart des répondants indiquent qu’ils ne migreraient aucune charge de travail même si les coûts devaient doubler. Cela peut suggérer qu’au moins 25 % des entreprises interrogées ne considèrent pas le cloud public comme une option viable pour leurs charges de travail actuellement.
Cette réticence peut résulter de plusieurs facteurs, analyse l’Uptime Institute. Certains répondants peuvent retirer de la valeur de l’hébergement de charges de travail dans des data centers non-cloud et peuvent penser que cela justifie toute dépense supplémentaire. D’autres peuvent penser que les problèmes réglementaires, techniques et de conformité rendent le cloud public non viable, ce qui rend les implications financières non pertinentes. Certains utilisateurs, enfin, peuvent penser que le passage au cloud public est tout simplement… prohibitif. Donc, pas d’exode en vue.