Pourquoi je ne rentrerai pas au bureau
Le bureau ? Un confort routinier qui risquait de finir par faire de la simple présence un but en soi, estime Olivier Babeau, président de l’Institut Sapiens.
Après avoir fonctionné en télétravail depuis mars, l’Institut Sapiens ne rentrera pas au bureau. Economie de loyers, heures de transport évitées, productivité améliorée… Les avantages sont évidents, suffisants pour disqualifier le bureau. Un bureau devenu confort routinier. Le risque ? Finir par faire de la simple présence un but en soi, écrit Olivier Babeau, son président.
«Le confinement a été un moment propice au discernement. Dans nos vies personnelles comme professionnelles, nous avons pu faire le point sur l’essentiel et l’accessoire. Après avoir fonctionné en télétravail durant six mois, de mars à août compris, l’Institut Sapiens ne rentrera pas au bureau !»
«Etre au bureau», un rituel rassurant
Les avantages, nombreux, sont évidents. Un : économie de loyers pour des locaux occupés en réalité peu de temps (vacances, déplacements, etc.). Deux : une à deux heures par jour qui ne seront pas passées dans des transports en commun (l’équivalent de deux semaines gagnées par an !). Trois : un travail plus flexible pour coller aux rythmes de chacun et productivité améliorée.
«Le bureau était aussi un confort routinier qui risquait de finir par faire de la simple présence un but en soi, commente Olivier Babeau. ‘Etre au bureau’ correspondant à une sorte de rituel rassurant, mais parfois vide de sens. Et cela u détriment de la production réelle.»
Pour le président de l’Institut Sapiens, le télétravail est un impitoyable révélateur des tâches inutiles et des pertes de temps. A l’absurdité des réunions interminables, où les participants se persuadent qu’ils travaillent, répond l’autre absurdité d’une promiscuité où chacun, pour mille raisons, se dérange et se déconcentre mutuellement.
Faire vivre nos projets
«Sans bureau physique, nous devrons faire plus que jamais attention à entretenir nos valeurs, poursuit Olivier Babeau. L’ancre qui nous empêche de dériver et nous relie les uns aux autres, ce sont les missions que nous nous sommes données. Ce sont elles qui font notre identité. Pas les mètres carrés. Nous devrons d’autant plus faire vivre nos projets que nous n’aurons plus la rassurante impression que notre existence, par les bureaux qu’elle occupe, a l’évidence et la solidité de la pierre.»
Demain, comme à ses débuts, l’Institut Sapiens louera des salles si nécessaire. Organisera des événements en ligne. Ou en chair et en os dans des endroits choisis qui pourront varier à volonté. Se rencontrer dans les restaurants, travailler dans les cafés ou dans les parcs… Certains des collaborateurs ont aussi indiqué qu’ils en profiteraient pour s’éloigner de la ville et tripler leur surface habitable.
Autodiscipline de fer
Ce choix de supprimer les bureaux n’est évidemment pas une solution qu’on pourrait généraliser, même si l’on considère les seules activités tertiaires. Une structure de très petite taille, d’abord, peut plus facilement travailler en réseau.
Le type de tâche est aussi déterminant. S’il s’agit, comme pour l’Institut Sapiens, de lire, rédiger, faire des analyses, rencontrer et mettre en relation des gens, organiser des groupes de travail d’experts, alors le bureau n’est pas indispensable. Une connexion Internet et un ordinateur portable sont les seuls équipements vraiment nécessaires. Ils peuvent être emportés à peu près n’importe où. Pour l’Institut Sapiens, cela faisait longtemps que l’équipe avait appris à travailler de partout.
Autre élément essentiel, jouir des conditions familiales et matérielles qui le permettent. Soit des enfants à l’école ou gardés et un habitat où l’on dispose d’un lieu de travail agréable. Une autodiscipline de fer sera de plus indispensable pour fixer des limites entre vie professionnelle et vie privée.
La référence au temps de travail s’efface
«Pour exister sans bureau fixe, une organisation doit aussi adapter son management, insiste Olivier Babeau. Il doit reposer sur une confiance totale vis-à-vis des collaborateurs qui permet de leur laisser un maximum d’autonomie.» La référence au temps de travail s’efface au profit d’un fonctionnement par objectifs. Une plateforme de collaboration en ligne sert de bureau virtuel commun. Chacun y partage ce qu’il fait et se coordonne avec les autres. Enfin et surtout, le travail sans bureau ne doit évidemment pas être un travail sans relations sociales.
«Le principal défi de la disparition du bureau est de ne pas perdre les moments d’échanges informels, conclut olivier Babeau. La conversation à bâtons rompus qui se tient d’ordinaire à la machine à café est la sève du travail d’équipe. Des échanges permanents, ponctués de rencontres à intervalles réguliers sont nécessaires, afin de conserver le meilleur des rites : leur fonction de refondation de l’unité d’un groupe.»
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